La matinée débute par l’intervention de Jean-Gabriel Roviraz, qui partage son parcours de vie. Amputé de la jambe gauche à 22 ans, il parle avec sincérité et profondeur de son expérience du handicap physique, de sa reconstruction à travers le sport et l’art, et de la richesse de la différence. Son témoignage pose le cadre d’une réflexion humaine et sensible sur la notion de handicap.
S’ensuit un tournus entre plusieurs salles de gymnastique, où les étudiants vivent différentes expériences :

• Jeux inclusifs, qui montrent comment adapter des activités sportives pour les rendre accessibles à tous.
• Ateliers de sensibilisation au handicap visuel, où les participants expérimentent des déplacements à l’aveugle, accompagnés de cannes ou de guides.
• Ateliers sur le handicap mental, qui mettent en lumière les défis liés à la communication, à l’autonomie ou à la gestion des émotions.

Ces activités, interactives et immersives, permettent aux étudiants de se confronter aux réalités du terrain, de développer leur empathie et d’élargir leur regard sur la diversité humaine.
Chaque année, les retours des participants sont très positifs. Beaucoup disent en ressortir « transformés », avec une meilleure compréhension des enjeux liés à l’inclusion et une motivation renouvelée pour leurs futures responsabilités professionnelles.

Suite à un accident de la route survenu à l’âge de 22 ans, Jean-Gabriel Roviraz est amputé de la jambe gauche. Depuis ce jour, il fait l’expérience du handicap physique – et donc de la différence. Une différence qui, loin de l’handicaper, va lui ouvrir les portes d’un nouveau monde, fait de connaissances, de rencontres et de perspectives inédites. Il voit désormais cette épreuve davantage comme un cadeau que comme une limite.
Sportif depuis l’enfance, Jean-Gabriel décide de reprendre une activité physique, mais sous une forme différente. Les médecins lui déconseillent de courir, car cela aggrave son moignon et nécessite de multiples interventions chirurgicales. Son chirurgien lui lance alors:

«À 22 ans, tu n’as rien à faire sur ce lit d’hôpital. Tu vas maintenant aller dans l’eau»

Il commence alors à nager, d’abord pour son bien-être, puis pour apprivoiser sa différence et la vivre pleinement. Cette activité devient rapidement un exutoire. En 1995, il devient champion de France de natation handisport, ce qui lui ouvre les portes de l’équipe nationale française et le qualifie pour les Jeux paralympiques d’Atlanta en 1996. Malheureusement, une blessure l’empêche de participer. Avec du recul, il estime qu’il n’était pas encore prêt, intérieurement, à vivre une telle expérience – mais il en garde un souvenir précieux.

En parallèle, Jean-Gabriel développe d’autres talents, notamment dans le domaine artistique. Passionné de musique, il obtient un diplôme du conservatoire après cinq années d’études au hautbois, au Conservatoire de Béziers. Souhaitant poursuivre dans cette voie, il choisit un second instrument : le violoncelle, qu’il continue de pratiquer aujourd’hui, en solo ou lors de concerts avec des groupes professionnels et amateurs.
Professionnellement, il consacre son temps à la natation. Maître-nageur à la piscine de Saint-Maurice, en Valais, il propose également du coaching aquatique, aussi bien pour les débutants que pour des athlètes se préparant à l’Ironman. Son approche repose sur la bienveillance et une vision du sport profondément humaine:

«Aider chacun à trouver son propre chemin dans l’eau, à écouter ses pensées, à respirer sa vie et à aimer ce qu’il est.»

Aujourd’hui, ses inspirations vont vers la transmission. Il souhaite offrir à son fils Esteban un maximum de clés pour l’avenir – des richesses simples, intérieures et sensibles. Connaissant le handicap physique depuis sa naissance, Esteban grandit avec une ouverture au monde et une maturité rare.

Pour l’avenir, Jean-Gabriel aspire à plus de liberté dans le sport et dans l’art, notamment à travers la photographie. Il a déjà exposé ses œuvres à deux reprises, avec notamment une série marquante consacrée à Venise.